QUENTIN

Ces textes sont parus avec l'accord de leurs auteurs. Un grand MERCI à eux et à vous de ne pas publier sans l'intégralité des sources (auteur et site) 



Cassandra 10 ans

 

(suite au décès de son grand frère Quentin, 15.5 ans)

ETOILE

 

Une étoile orne les cieux,

C’est celle de notre famille,

Une belle étoile scintillante,

Une étoile à cinq branches.

 

Mais un accident est survenu,

Et l’étoile s’est retrouvée

Amputée

De l’une de ses plus belles branches.

 

L’étoile l’accepte mal,

Elle n’a plus que quatre branches,

Elle est devenue pâlichonne

Et se renferme sur elle-même.

 

Mais il faut garder espoir,

Il en reste tout de même quatre,

Et même si elle n’est plus scintillante,

Elle est tout de même magnifique.  


 

« Une personne passe.  Je la suis.


D’autres gens arrivent, par dizaines.  Je finis par être portée par un flot humain. Tel un pantin, je me laisse faire et je m’abandonne. Enfin, je débouche sur une petite place et je me retrouve devant un banc, alors, je m’assois. Droit, je regarde s’agiter le monde devant mes yeux. Je ne me lasse pas de ça, Les gens qui courent, qui ralentissent, qui téléphonent ou fredonnent.

 

Un ballon arrive à mes pieds. Imperturbable, je ne bouge pas. Une petite fille blonde arrive. Elle a les yeux bleus profonds et je pourrais m’y perdre. Elle porte une robe à bretelles imprimée de fleurs violettes.

 

Elle me fixe de ses grands yeux et me sourit. Je ne bronche pas. Elle ramasse son ballon tout en me fixant et commence à rire. Puis elle éclate littéralement de rire et s’en va à reculons sans cesser de me regarder. Moi, je n’ai même pas tourné la tête. Je continue à regarder les gens s’agiter. Puis, le soir tombant, la place se vide.  Je me retrouve seule sur mon banc. De temps à autres, des personnes passent, sans me regarder. Moi non plus, je ne les regarde pas.

 

En ce soir d’automne, le vent souffle et fait voler les feuilles mortes. Tout ceci forme une danse, un ballet magnifique. Rouge, vert, jaune, marron, tout se mélange, tournoie pour ensuite tomber comme si rien ne s’était passé.

 

Maintenant, la nuit est là et la lune brille comme jamais. Une lumière argentée est déversée continuellement, éclairant à elle seule le monde. Je ne sais pas quelle heure il est, mais je ne suis pas fatiguée. Plus personne ne passe, maintenant, à part quelques badauds bourrés sortant du bar d’en face.  J’adore la nuit. Tout est calme, on peut se vider la tête et ne penser à rien, en regardant les étoiles. Je me couche et fixe le ciel. Une étoile passe.  Je l’imagine de près, dans l’espace, et j’imagine que jamais elle ne s’arrêtera, que jamais sa course ne sera ralentie. Je suis bien, là, sur ce banc. Je voudrais que ce moment dure toujours, mais je sais que ce n’est pas possible. Alors, je profite. Mais déjà, la lune faiblit et descend. Une voiture passe, brisant ce moment de bien-être. Puis une deuxième, et une troisième. Les lampadaires se rallument, venant mettre fin à cette nuit. Les arbres sont presque nus, et un tapis de feuilles s’est formé.

 

Une personne passe. Je la suis. Une nouvelle journée arrive, semblable à toutes les autres.

 

Mais un jour, cela changera.  J’en suis sûr.

 

Et ce jour n’est pas si loin. »

Cassandra  12 ans 9/06/15